Les improbables (ou pourquoi vous ne trouverez pas ce disque à la médiathèque)

Merguez partie – Les Musclés

En ces temps obscurs et difficiles, de virus, de rigueur financière et de dépressions hivernales chez les ménages, il est urgent de trouver du réconfort, de la chaleur, et de l’espoir.  Alors dans notre grande bonté de discothécaires, nous offrons à vos oreilles endolories un condensé de bonheur simple…oui rien de moins que ça. 

En 1990, sort l’improbable Vive la France des Musclés. Vive la France oui. Le titre annonce la couleur. La France des Musclés c’est un peu celle des reportages (d’investigation) du JT de Jean-Pierre Pernaut. On est dans la défense de la plus pure tradition hexagonale (la fête, la convivialité d’un apéritif entre amis au bord de l’eau, la gastronomie simple autour d’un feu de barbecue, et  puis surtout, les valeurs pures et essentielles (l’amitié et la famille). D’ailleurs au cas où on ne l’aurait pas bien compris, les paroles nous aident à y voir plus clair.                                                                 

La France des Musclés c’est celle où il fait bon vivre, où on prend son temps…mais où on ne chôme pas pour autant, puisqu’ « on coupe du bois dans la forêt ». La France des Musclés c’est aussi celle où on s’appelle Paulette, René ou Ginette. La France des Musclés c’est celle où on s’occupe des anciens, alors on sort « mémé » (ben oui la famille on l’a dit c’est important). Et puis, la France des Musclés c’est celle où c’est Ginette qui met la table (nappe rouge et blanche à carreaux, of course), pendant que René boit l’apéro tranquillou. En fait dans les années 90, les gamins avaient une idée plus précise de la vie quotidienne dans les années 50 grâce aux Musclés. Rien que pour ça on leur dit merci.                                   

Bon alors oui, on pourrait m’accuser de snobisme voire de mépris face à ce qu’il convient bien d’appeler un grand tube des années 90…5 galettes d’or pour les Musclés dans leur carrière. Un raz de marée. Et c’est vrai, il faut bien reconnaître que si on cherche un peu au delà des apparences, on se rend compte que finalement les Musclés ne sont pas si "vieille France"… Ils réunissent même tous les ingrédients rock’n’roll…sauf que l’accordéon est moins populaire que la guitare auprès des filles.

N’empêche, le « Tant qu’y a de la braise c’est pas fini… » pourrait bien être une allusion à l’utilisation de substances hallucinogènes …et puis y’a les filles, et puis y’ a l’alcool qui coule à flots. Thèmes récurrents dans l’ensemble de leur œuvre.  Finalement on n’est pas bien loin de Alabama song  des Doors, ou Welcome to Paradise  de Green Day….D’ailleurs dans leur généreuse discographie, les Musclés ont déjà donné dans le border line : dans la Fête au village, « Mademoiselle Antonin, la fille du pharmacien prépare aux Musclés des pilules pour les remonter »… Subversif et rock’n’roll le Club Dorothée… qui l’aurait cru ? Et puis côté rock’n’roll, rappelons aussi qu’avant de devenir le lover aux chemises à fleurs douteuses (à faire pâlir le porte parole barbu d’Atol les opticiens), le type au nom de gâteau du dimanche -Framboisier – (oui il se faisait vraiment appeler comme ça) avait notamment travaillé avec le groupe FleetwoodMac…  Une descente aux enfers donc pour Framboisier… et finalement pour les jeunes, un vrai message de prévention contre l'usage de drogues et d’alcool.

Bon ben rien que pour ça, les Musclés, on est chic, on affiche votre clip…Mais comme notre spécialité c’est la musique, et qu’on est en 2011, on n’achètera pas vos disques.

                                                                                                                                K.